Il y a 2 ans je faisais mon premier article expliquant le “Un tableau… Un prix…?!” . Depuis le COVID est passé par là, et de nombreuses choses ont changées…
Je vais donc reprendre mon ancien article en y apportant les modification nécessaires …
On s’interroge souvent sur le comment et le pourquoi je fixe mes prix ? Moi même il m’a fallu très longtemps avant de me décider à donner tel prix à tel tableau, et tel prix à un autre.
Souvent certaines personnes s’interrogent et viennent m’aborder en me disant « C’est trop beau ce que vous faites, mais malheureusement je n’ai pas les moyens de m’offrir de telles toiles, ce n’est pas dans mon budget». Je comprends et j’ai conscience qu’une toile à 150 ou à 200 euros ne peut pas être dans le budget de tout le monde.
Mais qu’est ce qui fait qu’un tableau a un prix élevé ? Et qu’est ce qui fait qu’un autre sera beaucoup plus abordable?
C’est pourquoi aujourd’hui j’ai décidé d’être transparente avec vous, et de vous en dire plus sur ce qui fait que tel tableau est à 30 euros, et tel tableau est à 200 euros. Et puis, peut-être que cela pourrait intéresser des néo-artistes, en quête de comment et de pourquoi, et qui cherchent à se lancer, sans trop savoir dans quelle direction aller…
Quand je vends un tableau à 200 euros, on me dit « ouah, c’est super, tu as gagné 200 euros » ! Mais la réalité est toute autre… Il y a maintenant plus de 5 ans, j’ai décidé de devenir autoentrepreneur. A l’époque, je ne vendais aucun tableau ou presque, seulement à mes proches. Et puis un jour j’ai voulu faire une expo dans un salon de loisirs créatifs, et pour cela il me fallait avoir un statut, un numéro SIREN/SIRET. C’est alors que j’ai décidé d’être autoentrepreneur pour être dans la légalité si jamais je venais à vendre plus de tableaux…
De 3 tableaux vendus par an, je suis passée à 10 puis à 50 et désormais à plus de 150… Mais 50 tableaux vendus à 150 euros en moyenne… Ça ne fait pas 7500 euros dans ma poche… Voyons ça de plus près :
1. La toile
Lorsque je décide de faire un tableau, il me faut d’abord choisir une toile… Petite ? Grande ? Plusieurs toiles pour faire un polyptyque ?
Cette différence de choix, va évidemment faire une différence de prix d’achat…
Selon le format, la qualité (toile en coton, toile en lin, toile 3D…), le prix sera forcément différent. Ainsi des petites toiles en coton peuvent coûter 4 ou 5 euros, tandis que des grandes toiles en lin, de qualité moyenne, peuvent coûter 30 ou 40 euros (et encore, je ne vous parle pas de toiles de qualité extra, où les prix s’envolent…)
Et en cette période d’inflation que tout le monde connait, les matériaux de beaux arts n’échappent pas à la règle… Ainsi certaines de mes toiles chez mon fournisseur habituel ont doublé!! Oui oui je dis bien doublé!! J’ai décidé pour autant de ne pas augmenter mes tarifs.
2. Les fournitures
Une fois la toile choisie, reste à peindre dessus. Pour peindre, outre de l’inspiration, à moins de peindre avec ses doigts, un artiste a besoin de fournitures diverses et variées. De la peinture bien évidemment (là encore selon les marques, on en trouve à tous les prix, mais pour de la qualité correcte, avec une bonne tenue, il faut désormais compter 5 ou 6 euros les 120ml, pour ma part, j’adore les marques Amsterdam, Liquitex et Lefranc Bourgeois), des pinceaux et des couteaux (qu’il faut laver avec un savon spécial, qui s’usent, qui se cassent…), et d’autres matériaux tels que du gesso, du liant, de la peinture 3D, des matières multi effets, ou encore du sable, et des feutres Posca… Tous ces matériaux, ont aussi un cout.
Une fois le tableau fini, il faut le vernir, pour le protéger. Le protéger de la poussière, du soleil, et pour qu’il dure le plus longtemps possible dans le temps, sans que les couleurs ne se fanent. Et le vernis, ce n’est pas ce qu’il y a de moins cher… Bien au contraire ! Pour ma part, j’apprécie énormément le vernis en bombe brillant de la marque Sennelier (pour lequel il faut désormais compter 15 euros la bombe de 400ml, avec laquelle je fais 3 tableaux de taille moyenne).
3. Les frais
Si le tableau trouve preneur, il sera vendu sur mon site internet. Cela engendre des frais :
- Les frais bancaires : Tout d’abord des frais bancaires. A chaque vente, que vous payez par carte bancaire, des frais me sont décomptés. Ces frais sont environ de 2% du prix de vente.
- Les frais de port : Pendant 4 ans les frais de port étaient offerts et inclus dans le tarif… Ce qui me générait 2 problèmes:
– un problème d’économie… Les tarifs des frais de ports ne cessent d’augmenter, et n’ayant pas de remise chez Mondial relay, colissimo, ou autres, je perdais en revenu (d’autant que les impôts me prennent 25% sur le prix de vente (qui comprenais donc les frais d’envoi).
– un problème de cohérence… En effet, certaines personnes m’achetaient des toiles et pour autant habitent près de chez moi, et payaient le même prix que ceux pour qui les frais de port étaient “offerts”… Pas logique me direz-vous?! Je suis bien d’accord, c’est pourquoi les frais de port ne sont plus offerts, mais sont à rajouter. Ainsi, les tarifs de mes toiles ont diminué de la valeur (ou plus) des frais de port qu’ils générent.
Je pourrais aussi envisager de faire des tableaux beaucoup plus grands, mais là… Comment vous dire… Il faut compter minimum 150 euros rien que pour l’envoi d’un tableau grand format (du 100×100, ou du 120×80 par exemple) via UPS. Et je pense que personne (ou très peu de personnes) sont prêts à mettre un tel tarif… Et ma vision des choses, c’est que l’art doit pouvoir être accessible à tout le monde!
4. L’emballage
Une fois le tableau vendu, il me faut bien évidemment l’emballer et le protéger pour qu’il arrive à destination en parfait état.
Là encore, cela nécessite de nombreux éléments : du carton pour l’emballer, du papier bulle, du scotch de masquage pour fermer le papier bulle, du scotch d’emballage pour fermer le carton, du scotch fragile, du papier pour les divers documents.
Et pour ceux et celles qui ont déjà reçu un de mes tableaux, ils savent qu’à l’intérieur du colis, j’y glisse une carte de visite, un certificat d’authenticité, une facture…
Tout cela encore une fois a un cout.
5. Le site internet
Il existe plusieurs genres de sites : les sites « vitrine », qui font office de galerie pour les artistes, permettant ainsi à l’artiste de présenter son travail, et les sites « e-commerce », qui en plus d’être une galerie permettent aussi de gérer des ventes en ligne.
N’étant pas informaticienne de métier, autant vous dire, que ce n’est pas moi qui ai créé mon site. Il a donc fallu faire appel à un web-designer. Ces frais sont à prendre en compte pour toute personne qui souhaite se lancer. Par chance, je n’ai pas eu ce genre de frais à dépenser, mon conjoint étant plutôt trés doué dans le domaine. Je ne peux donc pas vous dire le montant que cela pourrait coûter.
En revanche, il reste des frais auxquels je ne peux échapper, des frais annuels en rapport avec le site : des frais d’hébergement (cela varie entre 60 et 80 euros à l’année), ainsi que des frais de nom de domaine (10 euros par an).
6. Le statut d’autoentrepreneur
Ce statut, comme tout statut de « patron » fait qu’il y a des charges à payer.
Les premières, ce sont des charges fixes ; à savoir la taxe foncière. Bien que peignant dans ma maison dont une pièce a été consacrée à ma peinture et me fait office “d’atelier”, dans une petite pièce, je dois payer une taxe foncière pour cette pièce… Et ce tarif est fixe… environ 200 euros, et ce, que je vende 0 tableau ou 50 tableaux, que je ne vende pour 0 euros, ou pour 9999 euros. Autant vous dire, qu’au début, je peignais en négatif…
Et puis il y a les charges plus mobiles. Sur chaque vente, l’urssaf prend environ 13% de ma vente.
Auquel il faut rajouter 0.3% de taxe de formation (personnellement je n’en ai jamais vu la couleur…mais je la paye quand même !)
Enfin, je suis certes auto-entrepreneur, mais je suis surtout artiste. Et de ce fait, je dois en plus, me déclarer en tant qu’artiste auteur. Là encore, ce sont environ 13% que je paye sur mes ventes chaque trimestre.
Soit plus de 26% au total de charges mobiles, auxquelles on rajoute les charges fixes.
7. Le temps
Et puis enfin, une fois que tout cela est payé, je peux enfin me récupérer un peu d’argent pour moi… Mais cet argent, peut être considéré ni plus ni moins que le temps passé à faire tout cela. Le temps qui s’est écoulé entre le moment où j’ai été en boutique acheter ma toile et mes fournitures, et le moment où j’ai déposé votre tableau pour qu’il vous soit livré. Et ce temps vous vous en doutez se compte bel et bien en heures… Par chance, c’est du temps passé à faire ce que j’aime…
En moyenne, du début jusqu’à la fin il faut compter 5h pour un tableau. Bien évidemment, les touts petits me prennent moins de temps, et c’est aussi pour ça qu’un petit tableau coute 30 ou 50 euros, là où des très grands coutent 400 euros, puisqu’il me faut parfois plusieurs journées pour les faire (avec les différents niveaux de séchage).
En résumé
Histoire de mieux comprendre, et ce de manière synthétique, voici un exemple concret. Prenons l’exemple d’un tableau moyen à 160 euros, en 40×80 en toile coton 3D :
– Prix de la toile : 15 euros
– Prix moyen des fournitures : 15 euros
– Frais bancaires : environ 3 euros
– Frais d’emballage : 5 euros
– Impôts (les fameux 26%) : 42 euros
Les prix concernant les fournitures sont moyen, parfois cela coûte plus cher, parfois moins cher. Après avoir enlevé tous ces frais, il reste 80 euros qui sont réellement pour moi (un peu moins si on compte aussi des frais du site, de la taxe foncière et de tout ce que je n’ai pas compté dans cet exemple), soit 50% du prix d’achat du tableau. C’est un peu comme si vous considériez que les 160 euros est votre salaire brut, et que les 80 euros correspondent à votre salaire net (après avoir enlevé toutes les charges).
Alors bien sûr, 80 euros, c’est énorme (et c’est encore plus énorme quand on sait que la peinture est ma passion et mon exutoire…), mais de vous à moi, il faudrait que je vende beaucoup plus de tableaux pour en faire mon métier. Peut-être qu’un jour je pourrai être fière de dire que c’est le cas ^^ et ce sera grâce à vous !!
En conclusion
La peinture est avant tout une passion, et j’ai par chance, l’occasion de faire en sorte que ce soit une passion qui ne me coûte pas d’argent, mais qui au contraire m’en rapporte un peu. Et cela, c’est grâce à vous, toujours plus nombreux, qui me faites confiance pour décorer vos intérieurs, vos cabinets dentaires ou pour faire des cadeaux à vos proches. Grâce à vous, qui croyez en moi, et qui appréciez mon travail et mes tableaux.
Donc pour l’instant, je vais continuer mon métier de pharmacienne, et je vais aussi continuer de créer, de mettre de la couleur sur mes toiles, parce que plus qu’une passion, la peinture est quelque chose qui me permet de me changer les idées, un vrai exutoire ! En gardant en tête, pourquoi pas (l’espoir fait vivre, n’est-ce pas), qu’un jour viendra, où je ferai de ma passion mon métier… Les cartes sont entre vos mains (et un peu dans les miennes quand même ^^).